Dans son deuxième Spleen, Baudelaire écrit ‘J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans’ et compare son cerveau à un meuble aux tiroirs encombrés. Si nous concevons facilement que dans ces tiroirs nous conservons moult images de notre passé (visuelles, sonores, olfactives…), comprendre sous quelle forme celles-ci sont inscrites pour longtemps dans notre tissu nerveux est infiniment plus complexe. Les souvenirs se construisent grâce à l’activation conjointe de plusieurs groupes de neurones, parfois dispersés dans différentes régions du cerveau. Ces cellules établissent alors entre elles des liens durables, comme des chemins privilégiés de communication. Plus tard, ce réseau pourra être réactivé de façon sélective, permettant de faire remonter à la conscience un savoir, une image, un événement ou une émotion liés à l’expérience initiale. Les neuroscientifiques appellent cet ensemble d’empreintes un engramme.