Vous avez été désignée lauréate par le jury.
Merci ! Vous avez filmé ?
Je suis Amandine Delaunay, je suis illustratrice et autrice d'albums jeunesse. Je fais aussi plein d'autres choses en dessin, mais ce que je préfère c'est vraiment dessiner pour les enfants ou les plus grands et travailler sur des albums documentaires et raconter les dernières choses que j'ai apprises et qui m'ont fascinée.
J'ai une passion pour les baleines qui est venue progressivement en étant illustratrice jeunesse. La baleine, comme le dit Michel Pastoureau, c’est une des rockstars du bestiaire de la jeunesse.
En étant illustratrice jeunesse, on m’a commandé des baleines. J'aime avoir un dessin très précis, très détaillé, donc je me documente toujours avant de faire un dessin. Je vais regarder des photographies, des vidéos, pour comprendre où vit un animal.
Une chose en entraînant une autre, je me suis dit qu’un jour dans ma vie j'aimerais voir des baleines.
En parallèle, mon éditrice m'a dit : « Ça te dirait de faire un livre sur les baleines et les dauphins ? » On a commencé à réfléchir au livre. Et je me suis dit bon, il faut y aller.
Tu fais des documentaires ou des choses depuis trop longtemps, en regardant Google Images... Il y avait un truc aussi de partir à l'aventure et je ne voulais pas partir au bout du monde, faire 12 heures d'avion pour payer un bateau et les voir 4 heures. Ça n'avait pas de sens.
J'ai réussi à trouver une association en Écosse qui s'appelle Hebridean Whale and Dolphin Trust qui s'occupe de la protection de la faune marine.
Je suis partie sur le Silurian qui est leur bateau de recherche. Là, j'ai appris à la jumelle, accrochée au mât, parce que ça bougeait, à surveiller, à apprendre, à voir les oiseaux.
Parce que les oiseaux marins se nourrissent souvent des mêmes poissons que les mammifères marins. Souvent certains oiseaux signalaient la présence des dauphins ou des phoques.
Ça m'a donné des indications très fortes pour le livre. J'étais en train de me dire : « Wow ! Le système digestif, le cœur, comment ça fonctionne ? »
Ce qui m'a fascinée en partant avec les scientifiques, c'était de me dire que c'était pas ça qui était le plus intéressant et qu'on connaissait le mieux. C'était la façon dont ils vivaient, dont on pouvait les observer.
Il y a toute une partie sur les nageoires et sur ce que c'est de voir un cétacé en mer.
J'essaye toujours de me mettre à la place du lecteur, de me demander ce qui va l'intéresser, parce que je suis obsédée par les baleines, mais ça c'est mon problème.
Et de me mettre au service de la cause, de tout le travail des scientifiques, qui est un travail de fourmi et que je trouve merveilleux.
Le travail de terrain, c'est un travail d'endurance. Ce n’est pas du tout spectaculaire, c'est vraiment collecter des données et revenir toujours au même endroit, refaire toujours la même chose pour comprendre comment les choses évoluent.
Je voulais aussi faire honneur aux gens qui ont consacré leur vie à ces métiers-là.
Le but de ce livre, c’est vulgariser, c'est donner envie, donner une petite marche qui permet d'accéder à l’étape d'après.
C'était vraiment l'objectif avec ce livre, et ce que j'essaye de faire dans mon travail.
Déjà, apprendre à dessiner une baleine correctement, parce qu'on pense que la baleine crache de l'eau. C'est normal. Moi aussi je pensais qu'elle crachait de l'eau.
Non, elle crache de l'air. On confond les fanons, les sillons...
Comprendre comment sont constitués ces animaux.
Et ensuite, ce que j'ai découvert à bord du bateau et que j'ai ensuite creusé et qui m'a passionnée, c'est la façon dont ils font société.
Les cétacés, ce sont des animaux sociaux comme les grands singes, comme les éléphants et comme les humains.
Ils ont des structures sociales passionnantes.
Chaque espèce a des façons de vivre ensemble différentes.
Mais au sein des espèces, chaque clan a sa culture.
Il y a une transmission des savoirs. C'est complètement dingue.
Et en même temps, on a le même problème que pour nous avec la réduction de la biodiversité, certaines cultures humaines sont menacées par la disparition des territoires et il en va de même pour certaines populations de cétacés.
Il y en a qui vont disparaître, il y a aussi des cultures de cétacés qui vont disparaître.
Ce sont des mondes merveilleux et on connaît mieux la surface de la Lune que le fond des mers.
Il y a tout à découvrir et ça, c'est merveilleux.
Ça donne de l'air.
Et me dire que moi, qui n'y connais rien, je peux aussi participer grâce à la science citoyenne et y contribuer.
Je trouve ça magnifique et ça donne beaucoup de sens.