L' ADN de la Fête de la Science
À l'occasion du trentième anniversaire de la Fête de la Science et en guise d'introduction du Livret 30 ans, nous vous proposons une rétrospective sur la genèse de cet événement désormais bien ancré dans la culture française.
Un contexte favorable à l’émergence d’un grand événement pour les publics
Depuis les années 90, en parallèle du développement des sciences et technologies, toujours plus pointues, innovantes et pourvoyeuses de rêves et questionnements, une réelle volonté politique de maintenir un lien fort entre citoyens et communauté scientifique avait permis l’émergence d’un réseau d’acteurs, de lieux et d’événements rassemblés sous la politique de Culture Scientifique et Technique (CST). Organismes de recherche et leurs communautés, entreprises, universités, musées, mais aussi services déconcentrés de l’État, monde associatif, acteurs socioculturels, médias nationaux et locaux… une énergie débordante avait irrigué ce réseau dès ses débuts, sur l’ensemble du territoire national, métropolitain comme en Corse et dans les Outre-Mer.
En 1989, les états généraux de la CST ont permis, notamment grâce à l’aide apportée par l’AMCSTI, le réseau professionnel des cultures scientifique, technique et industrielle, en tant qu’espace de discussion, de rencontre et d’échanges de bonnes pratiques, de dresser un premier état des lieux des actions visant à établir et consolider le lien entre science et société : enjeu central de la viabilité de nos démocraties contemporaines dont la bonne marche repose sur le bon fonctionnement, le bon développement, mais aussi la bonne adhésion, compréhension et mise en perspectives des sciences et technologies. On décide alors d’ajouter le « I » de l’industrie à la CST.
Devant l’accélération du progrès scientifique et au moment où des questions écologiques, éthiques, culturelles, économiques se posent à nous, l’information, à travers la culture scientifique, technique et industrielle, se propose d’apporter à chaque citoyen les moyens d’une plus grande connaissance de ce phénomène est une réflexion éclairée qui lui permette de s’impliquer dans ces débats fondamentaux.
Une première édition au succès inespéré pour lancer le concept !
En juin 1991, le ministère de la Recherche fêtait son dixième anniversaire et ouvrait ses jardins du site Descartes pour y organiser des rencontres ludiques entre communauté scientifique et grand public. Une première Fête de la science couronnée d’un franc succès.
L’idée vient alors de coordonner à l’échelle nationale un temps commun pour valoriser tous ces acteurs et favoriser l’émergence de produits culturels innovants, d’actions pour la jeunesse, de soutenir le secteur associatif et de faire rayonner le tout au sein des structures culturelles et dans les médias.
C’est sous le cabinet d’Hubert Curien qu’est ainsi lancée la première édition de la Fête de la science, alors appelée « Science en Fête », les 12, 13 et 14 juin 1992. Pour cette première édition, le ministre avait souhaité un rayonnement national. La réponse du terrain a dépassé ses attentes, comme il en témoignait dans la dernière infolettre adressée aux coordinations régionales et divers acteurs déployant l’organisation concrète de l’événement sur l’ensemble du territoire
Lorsque nous avons décidé de donner un caractère national à la Science en Fête, nous pensions qu’une ou deux manifestations pourraient être organisées dans chaque région. Plus de 1000 projets nous ont été proposés ! Cette superbe mobilisation, nous la devons à votre enthousiasme, à votre conviction sincère donc communicative. Bon courage et merci, du fond du cœur.
Dès la première édition de cette fête grave et joyeuse, studieuse et ludique, une volonté nette est affichée : la simplicité !
Il s’agit moins de proposer au public des opérations extraordinaires par les moyens techniques ou financiers, que de créer des situations suffisamment insolites, par rapport à l’idée que la population se fait de la science et des scientifiques, pour que le plaisir de la découverte prenne le pas sur la crainte d’être confronté à un monde étranger.
Le public de cette première édition était au rendez-vous : pas moins de 4 millions de visiteurs, dont un nombre important d’élèves dans le cadre scolaire dès le vendredi, revenus avec leur famille le week-end ! Un taux de satisfaction du public de plus de 90 %. Une démocratisation avec plus du tiers des participants n’ayant alors jamais assisté à un événement relevant de la CSTI. Une quasi parité sur les visiteurs.
La Fête de la science, 30 ans plus tard…
Toujours impulsée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation à l’échelle nationale, La Fête de la science est pilotée aujourd’hui en régions par les Délégations régionales académiques de la recherche et de l’innovation et les Coordinations régionales de la Fête de la science, majoritairement des associations et centres de CSTI. Les organismes de recherche, « véritable atout [du fait de leur] très forte mobilisation » mais surtout de leur volonté de « travailler en partenariat [et] d’ouvrir leurs laboratoires » en 1992 sont toujours fidèles au rendez-vous. Les entreprises et musées s’y engagent, les universités et les bibliothèques prennent une place grandissante. Les médias sont toujours partenaires de l’événement et y apportent un tiers du public, autant que le bouche à oreille témoignant, pour sa part, de la dimension festive de ce rendez-vous ancré dans le paysage national, qui s’étale désormais sur plusieurs semaines à l’automne.
Aujourd’hui, ce sont 20% des Français qui ont déjà participé à l’événement, la moitié de nos concitoyens qui le connaissent et pas moins des trois quarts qui disent souhaiter y prendre part un jour ou l’autre. Alors qu’ils étaient déjà 4 millions en 1992, une même étude comparable réalisée au printemps 2021 estime à 4,5 millions le nombre de visiteurs sur la tranche 15 ans et plus lors de l’édition 2019 et 1 million lors de l’édition 2020 ayant fait face à la crise sanitaire COVID 19.
En 2019, la Fête de la science c’était près de 3500 événements, organisés par plus de mille porteurs de projets, principalement en France métropolitaine mais aussi dans les Outre-Mer et même à l’étranger. Une charte rédigée avec l’ensemble des acteurs affiche toujours les valeurs de cette manifestation gratuite, insolite et ouverte à toutes et tous : partage, créativité, convivialité et responsabilité.
Progrès, innovation, découvertes, prospectives et perspectives irriguent toujours la curiosité des visiteurs de la Fête de la science, conçue dès ses débuts comme une formidable aventure recouvrant l’ensemble des champs de la connaissance scientifique. Une nette émergence ces dernières années en ce qui concerne les thématiques en lien avec l’environnement et notre action à l’Anthropocène.
Les sciences humaines et sociales, plébiscitées par deux tiers des français, y occupent une place grandissante aux côtés des sciences naturelles et sciences exactes. Les échanges entre citoyens et communauté scientifique commencent à se symétriser, pour ajouter les démarches participatives à la médiation et vulgarisation scientifique.
Pour cette édition anniversaire, nous explorons à nouveau cette impulsion initiale, à l’aune de nos défis et enjeux contemporains !
La Science en fête, c’est l’émotion de la découverte et le plaisir de la connaissance partagés !
Sources : Les citations sont issues du dossier de presse de l’édition 1992. Les statistiques historiques de la note d’information interne du ministère de la recherche et de l’espace du 22 juin 1992. Les statistiques 2021 sont tirées de « Les Français et la Fête de la Science », enquête réalisée en ligne par Harris Interactive sur commande du MESRI du 18 au 20 mai 2021 sur un échantillon représentatif de 1048 françaises et français de plus de 15 ans.